CARTON PLEIN POUR LE CLIP "PICHU, PICHU" TOURNE A "CASA TAOS" MARRAKECH

Ma pétillante Soeur « Sophia Charaï » sort un album tonique, entre jazz manouche, soul, blues et flamenco. Un joyeux maelstrom chanté en darija.


Elle chante pieds et dos nus, elle est très brune et porte une fleur rouge piquée dans ses cheveux courts. Elle a une allure folle et une voix à la fois grave et légère. Sophia Charaï est née sur les rives de l’Atlantique, à Casablanca, il y a une quarantaine d’années. On la qualifie parfois de « Rita Mitsouko orientale » : elle en a le piquant, la drôlerie, le corps et l’âme juvéniles.

Cette architecte de formation, qui a trouvé la foi dans le New York des clubs de jazz, a mis tout ce qu’elle aime dans Pichu, un album fusion très réussi, cinq ans après son premier opus resté assez confidentiel. On y entend de l’accordéon, du banjo, de la guitare manouche et flamenca. Sophia Charaï revendique des influences métisses : au Maroc, elle s’est formée au piano classique et a grandi dans une famille où l’on écoutait du jazz, de la soul et où l’on chantait en arabe devant les films égyptiens.

Avec son mari, le musicien, producteur et arrangeur Mathias Duplessy, elle a exploré le flamenco et parcouru l’Inde (ils ont d’ailleurs travaillé sur la BO de plusieurs films indiens, dont Peepli Live, d’Anusha Rizvi, produit par Aamir Khan en 2010).
L’album est donc le creuset de ces sonorités glanées lors de ces voyages au long cours et oscille entre blues du bled et morceaux plein de drôleries. À l’image du titre « Pichu-Pichu », dont le clip, tourné dans la région de Marrakech, fait penser à un mélange d’Almodovar et de Kusturica. Dans le maelstrom de cette musique transfrontières, Sophia Charaï est revenue aux sources : presque tout l’album est chanté en darija, le dialecte marocain, et c’est beau. Le très sensuel « Mêle ta langue » est, lui, en français. « Mais avec beaucoup de mots et d’expressions hérités de l’arabe », précise, malicieuse, la chanteuse. « Saurez-vous les trouver tous ? » À vous de jouer.

Article de « Jeune Afrique »